notes de travail

17.06.91
Sourire dans un paysage

17.06.91
« Où as-tu été tout ce temps? »
« Dans les rues adjascentes »
Peter Handke « L’hitoire du crayon » p.167

19.06.91
Temps gris.
La rue doucement et en silence.

19.06.91
Tant d’espoirs toujours déçus dans ces simples  mots:
« mon fils. »

19.06.91
Musique de la langue :
par dessus tout là où se situe le souffle.

19.06.91
Feeling like an « angel mooving too fast to be seen. »

19.06.91
Les lapins jouent à :
« tiens, j’ai trouvé un morceau de pain! »

20.06.91
La pluie mouille les passants en silence.

20.06.91
Vent, pluie presqu’horizontale.

20.06.91
Il a presque quarante ans, il n’a qu’un seul bras et tout son corps est là, posé sur un seul bras.

21.06.91
Juin : petite pluie des peupliers.

22.06.91
Le paysage non comme iconographie mais comme expérience.
L’intervention comme dialogue avec le paysage, comme recherche d’un renfort pour le paysage et pour l’objet.
Le lieu comme évidence de l’espace.

22.06.91
Faire un lieu c’est souvent trouver l’endroit juste, la forme juste.

22.06.91
J’ai toujours confiance dans le paysage.

22.06.91
Le dessin est un art pauvre, il se contente de peu, de presque rien.

23.06.91
Ne jamais essayer de comprendre, juste regarder.

23.06.91
La question serait « Comment dessiner un arbre? »
« Comment dessiner un paysage? »
Comment figer dans une forme quelque chose qui est en croissance continuelle?

23.06.91
Depuis que la terre est ronde, le paysage est partout : il n’a ni début, ni fin.

25.06.91
Le paysage est une profondeur.

25.06.91
Epaisseur simple du paysage.

25.06.91
Le paysage est l’expérience de la continuité et du changement, rarement de la rupture.

25.06.91
Pluie fine, presqu’invisible.

25.06.91
Avec le paysage l’horizon n’est plus une simple ligne parfaite et idéale, c’est un pointillé entre le sol et le ciel, un lieu de passages verticaux.
(croissance du paysage)

25.06.91
Le paysage est une épaisseur entre le ciel et le sol.

25.06.91
« Sa main claire »

25.06.91
« It’s a very modest and simple thing my drawings, and these are modest remarks. » Joseph Beuys

25.06.91
« We have kicked the art door wide open. Nobody is going to close it again. » Robert Filiou 1970

27.06.91
Parfois presque le centre du monde, à moins que ce ne soit que son reflet.

27.06.91
Je m’étonne toujours de l’attention que certaines personnes portent à mon travail, le tout dans le silence le plus total, sans un mot pour expliquer.

27.06.91
Rester au bord des choses.

29.06.91
Un arbre déjà, à peine.

01.07.91
Parfois rien d’autre que la résonnance d’un nom, d’une ville étrangère, d’un pays et vous êtes déjà ailleurs.

01.07.91
Le paysage est partout. Il commence là où nous sommes, mais nous sommes des passants dans le paysage, dans l’épaisseur du paysage. C’est de cette épaisseur que viennent les images. Elles devraient donc ne jamais avoir ni surface, ni limite. Plutôt une superposition de papiers, de signes, de morceaux accumulés.

01.07.91
Chaleur des pommes de terre sous la cendre.

01.07.91
Souvenir de doigts brûlés par les châtaignes chaudes.

02.07.91
Les allemands aiment peut-être les lapins, mais ils ne leur ont pas appris à traverser la route.

03.07.91
Gare de Cologne : entre les rails, souris en trotinette.

06.07.91
Il la tient dans ses bras poings fermés, comme pour ne pas la toucher.

07.07.91
Vent à-peine dans les bambous.
Quelle chaleur!

15.07.91
Comment chaque mot compris devient un oasis.

16.07.91
Essayer de penser plus les objets, les installations, les espaces, essayer de tirer les dessins vers la prise de notes, vers le journal, essayer de sortir complètement de l’esthétique de la peinture.

18.07.91
Les lapins jouent encore.  Ils sont 17, c’est compliqué.

18.07.91
La nuit descend avec lenteur.

20.07.91
des dessins sur papier cristal
des dessins sur plusieurs papiers
des fragments
des objets
des espaces
des installations
des traces

20.07.91
Il faudrait être plus simple, plus pauvre, plus radical.

21.07.91
Une télé que personne ne regarde, sur le mur une photo d’Istambul, quelques noms, quelques parfums d’épices.

22.07.91
Aujourd’hui beaucoup de dessins, de collages, de petits objets.
Ça m’interresse beaucoup. Le travail devient de plus en plus ouvert, de plus en plus de choses y sont possibles, sans désordre, sans bruit, sans parasitage sur les autres travaux.

23.07.91
On peut tout faire dans tous les sens. Ce qu’il faut éviter par dessus tout, c’est la gratuité, la redite et la notion de série, de variation.

24.07.91
Le cri des martinets est un instant calme et blanc.

25.07.91
Karl Bohrman

27.07.91
Il est marrant le gribouillis des manèges.

28.07.91
Calme des pierres posées.

29.07.91
La fête au loin comme une ronde lente et silencieuse.

29.07.91
Tous les jours il y a ces visages qui rappellent d’autres visages lointains et identiques.
(et toujours cette phrase « l’une se brûle, l’autre pas. »)

29.07.91
Je suis persuadé que tous les mots écrits, les enseignes, les pancartes, nous envahissent de leur bruit permanent. Enlevez toutes les écritures et alors peut-être la surprise d’un endroit calme.

30.07.91
Tout à coup cette évidence : je ne connais jamais la couleur des yeux des gens que j’aime.

01.08.91
Ouvrir la fenêtre au vent et aux bruits.

01.08.91
Son oreiller est rouge. Elle dort.
La moitié de son visage est perdue dans ce bout de tissus. Il est calme et doux. Très fin. La peau reste claire.
Elle, elle est là, elle dort doucement sous sa peau.

01.08.91
Quelques vaches endormies sous le soleil.

02.08.91
Parfois la vie va simplement. Elle va et nous la suivons.

06.08.91
« C’est pas du noir et blanc, c’est du gris sur gris » Chronique d’un été, 1961.

07.08.91
Il faudrait vivre loin de la ville, de sa foule, de son bruit permanent et inutile.

07.08.91
Le vent remue les plumes des moineaux.

07.08.91
Je déteste les gens saouls, ces ruines volontaires, ce gaspillage.

09.08.91
Le plus troublant dans le téléphone c’est qu’il n’y a pas de lieu pour se quitter. Pas de porte. Pas de corridor. Pas d’entre deux où se glisser. Echanger les dernières paroles. Se souvenir de tout ce qu’on ne s’est pas dit. Trainer. Rester là longtemps, entre deux.
Au téléphone, rien. On est tout de suite dehors, sans recours.

10.08.91
Elle a tout mouillé, l’averse.

11.08.91
Etre très simple. Ne pas avoir peur de quitter complètement la figure.
(de toute façon se souvenir que l’image est radicalement abstraite, qu’elle est toujours hors réalité, hors matière)

11.08.91
Bruits d’eau
Ombre des parasols
Oasis

11.08.91
Deux enfants, deux guitares, ils chantent. La chanson dure ce que durent les chansons d’enfants : TRES longtemps.

11.08.91
Pieds perpendiculaires des jeunes filles.

12.08.91
Les hirondelles sont parties. Quand au juste? La semaine dernière?

13.08.91
Bruits de cheval dans la rue.
Ah non! C’est un gamin avec des chaussures de foot.

15.08.91
Silence des grues parallèles.