autoportrait (proverbes flamands)

Je regarde à travers mes doigts.

Je suis marié sous le balai.

J’ai mis mon balai dehors.

Je reste sabots aux pieds.

J’ai des galettes sur le toit.

Je laisse mes cochons dans les blés.

Je tire une flèche après l’autre.

J’ai le feu aux fesses.

Je joue de la musique sous le carcan.

Je reste planté à regarder la cigogne.

Je tourne mon manteau selon le vent.

Je jette les plumes au vent.

Je tue deux mouches d’un coup.

La peur me fait trotter.

Peu importe à qui est la maison qui brûle, pourvu que je puisse me chauffer aux tisons.

Je traîne une souche.

J’aperçois l’église, mais le voyage n’est pas fini.

Je surveille la voile.

Je regarde danser les ours.

J’ai le vent en poupe.

Je chie sous le gibet.

J’ai accroché mon couteau.

Je chie sur le monde.

Je regarde les cartes.

Je me tiens par le nez.

J’ai la peau épaisse derrière les oreilles.

J’ai un trou dans mon toit.

Je pisse à la lune.

Je fais la barbe au fou sans savon.

Je tombe du boeuf sur l’âne.

Je me pousse hors de la fenêtre.

Je baise l’anneau.

Je pêche derrière le filet des autres.

Je n’aime pas qu’un autre mendiant s’arrête à la même porte que moi.

Je frotte mon cul contre la porte.

Je peux voir à travers une planche de chêne, pourvu qu’il y ait un trou dedans.

Je suis suspendu comme chiottes sur un fossé.

Je jette l’argent dans l’eau.

Je chie à deux par le même trou.

J’enrage parce que le soleil se reflète dans l’eau.

Je pends ma tunique à la barrière.

J’attache chaque hareng par ses propres ouïes.

Je nage à contre courant.

Je m’assoie entre deux chaises.

Je m’assoie dans la cendre.

Je ronge toujours le même os.

Je laisse entrer le chien. Il va dans l’armoire.

Je laisse au moins un oeuf dans le nid.

Je parle par deux bouches.

Je fais brûler un cierge pour le diable.

Je porte la lumière au jour dans un panier.

Je vais me confesser au diable.

Je souffle à l’oreille.

Je suis sur des charbons ardents.

Je pisse sur la broche.

J’attrape les anguilles par la queue.

Je prends l’oeuf de la poule et laisse échapper celui de l’oie.

Je tombe en défonçant le panier.

Je suis suspendu entre ciel et terre.

Je fais griller le hareng pour son parfum.

Je porte l’eau d’une main et le feu de l’autre.

Je digère même le fer.

Je porte une armure et j’accroche une sonnette au chat.

Je suis armé jusqu’aux dents.

Je fais endosser le manteau au mari.

Je jette des roses au cochon.

Je saigne le cochon par la panse.

Je fais danser le monde sur mon pouce.

Je suis assis à la lumière.

Je baille devant le four.

J’ai les mains liées.

Je me cogne la tête contre les murs.

Je porte l’armure.

Je comble le puits quand le veau est noyé.

Je tonds, mais je n’écorche pas.

Je sais plier pour avancer dans le monde.

Je mets des bâtons dans les roues.

Je n’arrive pas d’un pain à l’autre.

Je laisse choir la bouillie et je ne la ramasse pas toute.

Je cherche la plus petite hache.