Concours pour la réalisation du plafond de la salle du conseil municipal de la ville de Montpellier :
Philosophie générale
Dans le Document descriptif détaillé des prestations, la thématique retenue pour la salle du Conseil Municipal est : « La Constitution : le mot, la loi, l’énoncé, la citoyenneté, la hiérarchie des valeurs, … »
Lorsqu’on se réfère au Carnet graphique, on voit que l’idée de départ (celle de Jean Nouvel) est la suivante : « Dans la salle du conseil sur fond de différents bleus s’alignent les principes de la déclaration des droits de l’homme. »
Alors, quel texte reproduire ?
De notre point de vue, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme semble être la réponse la plus appropriée.
En effet, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est un texte qui dépasse la constitution et dans le temps, et dans l’espace et dans ses enjeux.
Mais pourquoi écrire la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme sur un plafond ?
Au départ ça peut sembler être une belle idée, une idée généreuse. En fait ça peut très vite devenir une mauvaise idée.
Se contenter d’écrire la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme au plafond, c’est prendre le risque d’en faire un texte décoratif ou une simple présence symbolique.
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme n’est ni l’un, ni l’autre.
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (quelle que soit sa version) est un texte libérateur. Elle est le fondement de ce que devrait être la politique mondiale. Mieux encore, elle doit demeurer le fondement de notre politique nationale.
Il faut aujourd’hui plus que jamais relire la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
C’est une lecture saine où chacun peut s’éclairer et voir ce qui nous sépare encore de son idéal. Une lecture où chacun peut voir aussi à quel point la politique actuelle de Nicolas Sarkozy nous éloigne de l’idéal républicain et universaliste qu’elle énonce.
Si l’on admet que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ne peut avoir une valeur simplement décorative, nous devons tout faire pour qu’elle retrouve une valeur effective, c’est-à-dire efficace.
Nous devons donc d’abord rendre ce texte à la lecture.
Ainsi la première des choses à faire (avant d’en faire une décoration) c’est de le rééditer.
Cette réédition sera double : d’une part une version papier disponible et éditée en tirage illimité. Ensuite une édition numérique, disponible en ligne sur le site de la Mairie de Montpellier.
Une fois ce travail fait, toutes les pages d’un des exemplaires seront tout simplement présentées au plafond.
Choix artistiques
Mais quelle Déclaration au juste devons-nous reproduire ? La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ? Celle de 1791 ? Celle de 1793 ? Celle de 1795 ? Ou alors la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 ?
Aucune et toutes à la fois. En fait nous proposons une réécriture complète en un seul texte de ces cinq textes. Un texte qui à la fois les réunit, les résume et essaie d’en extraire ce qu’ils ont de réellement universel et de vraiment libérateur.
Chacun de ces textes magnifiques est extrêmement lié au contexte qui l’a vu apparaître. Certains articles se sont simplifiés avec le temps, d’autres au contraire se sont complexifiés. Le projet de réécriture est donc un projet de synthèse sans date, sans contexte ni pression, un projet pour retrouver les principes intemporels de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
• Un texte
Le texte dans sa réécriture pose quelques problèmes. Les Déclarations Universelles des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 de 1793 ou de 1795 parlent d’« hommes » et de « citoyens et d’« individus ». La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, préfère les mots d’« êtres humains », d’« individu » ou de « personne ». Ces mots ne sont pas neutres. A cela s’ajoute certaines différences de style.
Nous avons donc choisi le vocable « Nous ». Ainsi un article comme « Les hommes naissent libres et égaux en droits. » devient « Nous naissons tous libres et égaux en droit. ».
Cette réécriture a plusieurs avantages :
– d’une part, elle place le lecteur dans une action commune et volontaire,
– d’autre part, elle ne peut pas être confondue avec une des versions originales de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (et du citoyen). Elle s’affiche en tant que réécriture, en tant que réappropriation par l’écriture des principes qui constituent un texte (des textes).
• Un livre
Une fois le texte réécrit, il est d’abord édité sous la forme d’un livre. Ce livre reproduit un article par page. Il est imprimé en tirage illimité. Il est mis gratuitement à la disposition du public dans le hall de la mairie.
• Un site Internet
Le site Internet reproduit lui aussi le texte réécrit, mais il comprend aussi tous les textes d’origine et leur présentation historique.
Il montre aussi comment les articles ont été retenus, modifiés ou écartés. Il constitue enfin un portail vers les principaux sites de défense des droits fondamentaux.
• Le plafond de la salle du Conseil Municipal
Pour le plafond de la salle du conseil, chaque page sera suspendue sur un support rigide.
Entre les plaques du faux plafond, au droit des joints, seront fixées une cinquantaine de plaques rigides verticales de format A4 ou équivalent.
Au recto et au verso de chaque plaque seront encollés les pages du livre. Les pages seront ensuite protégées par un film plastique mat.
Ainsi, la décoration de la salle du conseil municipal est une des formes particulières du texte imprimé, une de ses formes possibles.
Sa mise en scène n’enlève rien à son utilité. Mieux, elle offre une utilisation supplémentaire.
Suspendu et de format modeste, le texte reste lisible et il permet à chacun dans la salle du conseil de ne pas oublier les principes fondamentaux des droits de l’homme.