notes de travail

19.03.92
Tout se passe comme si l’image n’avait pas de réalité parce qu’elle n’a pas de support, parce que ses supports sont interchangeables.

19.03.92
Je ne pense pas faire un travail d’image. Mon activité est très spécifique, très objective, elle joue avec la matérialité de l’image.

23.03.92
Une chose frappante dans l’œuvre de Beuys, c’est l’humilité, ou plutôt l’échelle de chaque pièce. Même les 21 tonnes de « Tallow » ne sont pas imposantes. L’œuvre n’est jamais au-dessus de l’échelle humaine.

23.03.92
Etre près des chosees, près de leur matérialité, de leur présence objective. Faire que chaque travail existe comme réalité objective.

23.07.92
Faire avec les choses telles qu’elles sont?
Faire avec les choses telles qu’elles se présentent?

24.07.92
Chaque dessin comme expérimentation.
Penser plus en termes d’expérimentations et de manipulations qu’en termes de lignes/formes/fond etc …
Accentuer l’inséparabilité du signe et du support, accentuer l’objectivité du travail.

26.07.92
L’objet est toujours sans espace.

31.07.92
Sieste.
La plante des pieds au mur.
Fraicheur.

03.08.92
– agrandir les formats
– scotcher les feuilles
– petits objets sol/mur

10.08.92
De plus en plus je commence les dessins par le haut, comme du texte, comme une écriture, une prise de note, sans considération de l’espace, ou alors justement avec la certitude que de toute façon celà fera un espace.
Peut-être un objet peut-il se passer totalement d’espace.
Peut-être, s’il y est assez réticent, peut-il s’en passer et le faire résonner de toute façon.
Je ne sais pas si l’on peut avoir une perception et une volonté spatiale dans un accrochage.
Ou, peut-être, pour ne pas avoir n’importe quel objet dans n’importe quel espace, faut-il avoir ce qu’on pourait appeler des objets ouverts, c’est-à-dire des objets perméables à l’espace et pouvant donc se dissoudre dans l’espace sans perdre de concentration.

10.08.92
« il y a la musique que l’on fait et celle qu’on écoute »
ah bon?

14.09.92
C’est toujours très rigolo de se rendre compte de ce que l’on a vu dans ce que l’on a regardé.
De voir ce que justement on n’avait pas vu, de voir comment on a déformé ce que l’on a vu par la lecture que l’on avait déjà au moment de faire
parce que toute écriture est une façon de lire donc de ne pas voir.

29.09.92
L’espace perdu n’est jamais que l’espace de notre propre défaite, l’espace qu’on a laissé perdre.
Nous sommes responsables de notre silence. Toujours.