discution avec Jean-Baptiste Farkas

1. Comment est né L’inventaire des destructions ? Et quand ?
L’idée de l’inventaire m’est venue instantanément au cours d’une conférence que j’ai donnée à La Sorbonne dans le séminaire d’Anne Mœglin-Delcroix en 1999. Je ne sais plus très bien quel était le sujet de la conférence, sans doute une présentation générale de ma thèse sur les pratiques artistiques du don. J’ai donc parlé de certains cas exemplaires : Lawrence Weiner, Michael Asher, Fluxus et de la revue Potlatch. Je ne me souviens plus très bien, mais j’ai dû conclure la conférence par une lecture de « Donner c’est donner » où j’énumère des dons faits par des artistes. C’est alors qu’un étudiant m’a demandé si les artistes, qui donnaient, détruisaient aussi. La réponse était évidente : il n’y avait qu’à leur poser la question. (…)

allotopies (interview)

Allotopies : Pourriez-vous, en quelques mots, nous présenter votre projet pour Allotopies ?
Eric Watier : C’est un projet assez simple. Il s’agit chaque fois que l’on croise une pierre en ville (et contrairement à ce qu’on pourrait penser c’est assez rare), il s’agit de la ramasser et de la mettre au milieu du passage. N’importe qui peut le faire.

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felix gonzalez-torres : un art de la reproductibilité technique

La théorie n’est jamais avant ou après le travail, elle s’établit en même temps. Ou comme le dit Felix Gonzalez-Torres : « c’est un travail au sein du travail »[1]. Louis Althusser, Michel Foucault, Roland Barthes ou Walter Benjamin, par exemple, sont à l’œuvre chez Felix Gonzalez-Torres. Il en parle souvent, les mentionne ou les cite. De ces présences, celle de Walter Benjamin (et en particulier de son texte L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique) est la plus évidente. Sans doute parce qu’elle renvoie à une caractéristique technique évidente de son travail. Les piles d’affiches en distribution libre que Felix Gonzalez-Torres expose dès 1988 existent bien sûr grâce à leur reproductibilité. Mais cette caractéristique a une signification qui n’est ni circonstancielle ni anecdotique : « j’ai toujours été très intéressé par les écrits de Walter Benjamin, surtout vers 1981-83 à la sortie des cours libres du Whitney Museum quand je l’ai lu pour la première fois. J’étais très influencé par ses écrits, par leur pertinence dans notre culture aujourd’hui et je voulais faire un travail qui prenne en considération certaines de ses idées. »[2]

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l’inventaire des destructions

A la mort de son amie Halszka en 1986, Roman Opalka a dû retourner à Varsovie chercher ses travaux. Après d’invraissemblables imbroglios douaniers, l’administration polonaise ne lui a laissé reprendre que trente tableaux, trente dessins, trente livres, etc. Ce choix fait, Roman Opalka a détruit tout le reste dans une fureur diaboliquement jouissive. (…)

pas d’image

Pas d’image d’Aboû Dabî. Pas d’image d’Abidjan. Pas d’image d’Abuja. Pas d’image d’Achkabad. Pas d’image d’Adis Abéba. Pas d’image d’Alger. Pas d’image d’Alma-Ata. Pas d’image d’Amman. Pas d’image d’Amsterdam. Pas d’image d’Ankara. Pas d’image d’Antananarivo. Pas d’image d’Ar Riyad. Pas d’image d’Assomption. Pas d’image d’Athène. (…)

des villes non vues (coécrit avec Alain Watier)

« Rendons d’abord hommage aux photographes par
qui l’architecture japonaise existe. Non seulement ils
parviennent à extraire une maison de l’environnement
le plus chaotique, gommant poteaux, câbles,
transformateurs qui encombrent l’espace, mais
encore, ils réussissent à magnifier les intérieurs les
plus exigus. »
(Patrice GOULET, « Questions de contexte », in A.A. n°226, avril 1983, p.4.) (…)